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Pierre de Capestang, Maître médecin de l'Ecole de Médecine de Montpellier, au XIVe siècle

par Christine Espallargas-Moretti


 

Pierre de Capestang

 

Médecin du Roi, Médecin du Pape 

 

 

 

La Faculté de Médecine de Montpellier est connue pour être la plus ancienne du monde, encore en activité. Officiellement créée au début du XIIIe siècle, en 1220, ses origines remontent toutefois au début du siècle précédent, époque où Montpellier est une ville en plein développement urbain et économique.

 

Rapidement après sa fondation en 985, Montpellier attire nombre de marchands, pèlerins, savants, médecins. La pratique médicale s’y fait alors hors cadre institutionnel et en 1181, Guilhem VIII, seigneur de la ville, accorde à "tout homme, quel qu'il soit et d'où qu'il soit" le droit de "diriger une école de médecine ».  Cette liberté va contribuer à attirer de nombreux médecins, venus de toute l’Europe et au-delà. En 1220, la pratique médicale est finalement encadrée par une charte juridique octroyée par la papauté, afin d’établir les modalités de l’enseignement, les règles de fonctionnement entre enseignants et étudiants ainsi que la façon dont est rendue la justice au sein de l’Université.

 

Perçue comme héritière du savoir des médecins de l’Andalousie musulmane et de l’école de Salerne en Italie, l'école de médecine de Montpellier attire des étudiants de toute l’Europe. Au XIVe siècle, la proximité avec la papauté avignonnaise et l'enseignement de maîtres illustres, tels que Arnaud de Villeneuve et Gui de Chauliac renforcent son prestige.

 

Parmi ces médecins renommés à cette époque,  figure Pierre Borrelli, né à Capestang, dans la seconde partie du XIIIe siècle. Connu sous le nom de Pierre de Capestang, il est issu vraisemblablement d’une famille bourgeoise capestanaise, qui serait apparentée à Guilhem Borrelli, inquisiteur à Carcassonne et à Pierre Engilbert, archiprêtre du Narbonnais.

 

Étudiant puis professeur de médecine à Montpellier, Pierre de Capestang est Maître régent de 1299 à 1329. Médecin du pape Jean XXII, pape avignonnais, il traduit en 1299, avec le chirurgien Bernard Honofredi et Profucius, médecin et astronome juif, lui aussi formé à Montpellier le « Livre du régime et de la conservation de la santé » du médecin arabe Avenzoa.  Pierre de Capestang a composé d’autres traités de médecine et fut également médecin du roi Philippe V le Long et de Jeanne de Bourgogne, reine de France et épouse de Philippe VI.  C’est un contemporain du grand médecin montpelliérain Arnaud de Villeneuve, dont un hôpital à Montpellier ainsi que la nouvelle faculté de médecine portent le nom aujourd’hui.

 

Les médecins de cette époque étaient également des religieux et à ce titre, Pierre Borrelli de Capestang fut aussi chanoine de Narbonne.Il disparut en 1336.


 

Sources :

  • La médecine à Montpellier » Tome I – Moyen Age – Louis Dulieu – Presses universelles
  • · Chartularium Universitatis Pariensis, Tome II
  • ·        L’archevêché de Narbonne au Moyen-Age, 2008, M. Fournié et D. Le Blevec, p. 119 et p.122

  • L’originalité de l’école de médecine de Montpellier, Laurence Moulinier - La Schola Salernitana e le altre, Jun 2002, Salerno, Italie. pp.101-126.

NB : Un autre médecin, qui a vécu à la même époque, lui aussi né à Capestang, est cité dans certaines sources sous le nom de Pierre Hominisdei de Capestang. Il aurait été, lui aussi médecin papal et royal. Nous recherchons d'autres sources qui pourraient nous en dire plus sur ce second personnage.