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Urbanisme, aménagement et patrimoine…

par Philippe Barjaud


 

 "Transformer ou conserver ?"

 

Lorsqu’on parle de politique publique d’aménagement du territoire, il n’est pas rare de voir opposer le passé au futur, la protection au développement, la conservation du patrimoine aux nouveaux projets…

 

Il est vrai que jusque récemment, on s’est peu soucié de la préservation des vieilles pierres, celles-ci servant en général de ressource commode pour édifier les nouveaux édifices. C’est ce qui s’est passé à Narbonne, où les ruines romaines ont servi à bâtir les remparts du Moyen-Âge… plus facile que d’avoir à ouvrir de nouvelles carrières !

 

Toutes les cités ont été continuellement reconstruites « sur elles-mêmes », en ne conservant que les fondations comme base des nouvelles élévations. Et depuis le 19ème siècle, les « embellissements » des villes, avec l’augmentation de la population et le développement de la circulation, ont souvent conduit à abattre l’inutile corset des enceintes, et à éventrer les ruelles tortueuses pour les faire filer droit, le long de façades bourgeoises mises au goût du jour…

 

A Capestang, on a connu deux épisodes de ce genre. D’abord l’adjudication en 1812 des remparts, découpés en 52 lots : ils menaçaient de tomber en ruine, ou ne servaient plus que de mur d’appui pour des habitations. Il n’en reste plus, aujourd’hui, que quelques lambeaux, comme en bas de la rue Carnot, où existerait un projet public de mise en valeur. Ensuite, le projet de plan d’alignement de 1855, qui devait « haussmanniser » la ville, projet qui ne fut heureusement que très partiellement réalisé.

 

Dans l’espace rural, également, le « progrès » a souvent, et lourdement, imprimé sa marque : arasement de talus, arrachage de haies, élargissement de chemins… A Capestang, toutefois, le parcellaire viticole semble avoir été généralement préservé, nous ne sommes quand même pas dans la Beauce !

 

Face à ces bouleversements, afin de planifier l’occupation de l’espace dans les communes, l’administration a mis en place au siècle précédent diverses réglementations, comme l’ancien POS (Plan d’Occupation des Sols), remplacé maintenant par le PLU (Plan Local d’Urbanisme). De nos jours, ces plans font la part de plus en plus belle à la préservation, citons celle des ressources en eau, de la terre agricole nourricière, des richesses biologiques, des paysages caractéristiques… mais également du patrimoine.

 

Des monuments comme le Château et la Collégiale sont depuis longtemps classés par l’État en tant que Monuments Historiques. Le canal du Midi, lui, a été distingué par l’Unesco au titre du Patrimoine mondial de l’humanité. Mais à côté de ces « incontournables », comment ne pas penser aux ouvrages plus modestes, qui témoignent quand même du génie des architectes et des tailleurs de pierre, ou qui incarnent des moments forts de l’histoire locale ? Ne méritent-ils pas de bénéficier d’une protection, eux aussi ?

 

Récemment, le chargé de mission « urbanisme » de la Communauté de communes a tenu en Mairie de Capestang une permanence, destinée à donner des informations et recueillir des observations sur les études en cours du PLU Intercommunal, qui remplacera bientôt le PLU communal. L’association « Capestang, plus de 1000 ans d’histoire » s’y est rendue, et lui a déjà remis une première liste d’éléments du patrimoine local qu’il serait judicieux d’inscrire dans le futur PLUi, accompagnée d’un repérage sur le cadastre et de photos descriptives. Pour ne pas les voir disparaître ou défigurer par négligence…

 

En voici quelques exemples, la croix érigée au bord du chemin entre Malemort et la Provenquière, le pont de pierre sur la Quarante vers Aureille, les pompes du Passot qui assuraient la gestion hydraulique de l’étang, ou le vestige d’une tour polygonale du rempart du 14ème siècle.