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André Huc, joueur et dirigeant de l’ASC « au long cours »

par Jacques Chamayou


 

André Huc vient de nous quitter.

 

Né en 1921, il approchait de ses 100 ans. Travailleur de la terre, il était forgé pour les plus durs labeurs. Naturellement venu au rugby dans son village de Capestang dès la fin des années 30, il a été récompensé en faisant partie de la bande à René Baube champion de France Honneur en 1950 à Châteaurenard contre les rudes savoyards d‘Aix-les-bains. Troisième ligne à la musculature aiguisée et défenseur pugnace il a marqué durant quarante ans le rugby capestanais. Car après la malencontreuse coupure de 1959, Nanard comme on l’appelait affectueusement a fait partie de ceux qui ont répondu à l’appel d’André Alary, lancé aux anciens champions : il fallait sans tarder relancer l’ASC. Ce qui se fit avec une première saison officielle qui a vu le club en 1963, « mourir » à Rieumes aux portes de la finale… sans avoir subi une seule défaite de la saison. Ensuite il a contribué en tant que dirigeant à la seconde vie de l’ASC jusqu’à ce que cette équipe de purs bénévoles laisse les rênes au milieu des années 70. L’aménagement du siège, avenue de la République est une de leurs « œuvres » les plus marquantes. André comme tous ses amis y a laissé de son temps, de son l’énergie et aussi « un peu » de son argent, pour une meilleure reconnaissance du rugby capestanais.

 

 Mais je ne saurai passer sous silence le fait qu’il fut le 9 juin 1944, raflé et déporté en Allemagne avec 177 autres hommes, après la terrible tragédie de Fontjun. André jusqu’à ces derniers jours faisait partie des trois derniers survivants de ce terrible déplacement avec deux autres André, Amiel et Gau à qui nous souhaitons de paisibles moments entourés de leur famille respective.

 

«Nanard» était un taiseux. Il fallait prêter l’oreille pour saisir ses interventions toujours empreintes de pertinence. Il lui arrivait aussi de « blaguer ». Son humour baignait dans la finesse, jamais dans la moquerie ni dans le sarcasme. A plus de quatre-vingt-dix ans il sillonnait les chemins de vigne sur son vélo des années soixante. Puis ces dernières années, cet engin était pour lui un déambulateur « façon dynamique ». Lorsqu’on l’interpelait entre le Théron et les abords de la place Jean Jaurès, il avait toujours cette réplique, parlant de sa bicyclette : « Je ne sais plus si c’est moi qui la guide ou si c’est elle qui m’accompagne ».

 

Je vous parlais d’un personnage subtil et authentiquement intelligent…